Aujourd’hui c’est avec un article plus personnel que je vous accueille sur le blog. Je vous parle d’amour, de projets de vie, de couture, de grossesse, de peurs, de déceptions et d’espoir. Basile est entré dans nos vies depuis 3 mois et j’avais envie de vous partager mon expérience, mon ressenti, qui fait probablement écho à celui de toutes les mamans entrepreneures.
Contexte
2023, l'année de l'espoir !
Basile, c’est un bébé plus que désiré. En janvier 2023, quand on me demandait ce qu’on pouvait me souhaiter pour la nouvelle année, les réponses étaient évidentes : “un bébé, un CDI et une maison”. A l’époque, Môme ne me permettait pas de prendre un vrai salaire et je travaillais à temps partiel dans une association depuis novembre 2022, ce qui m’assurait un revenu mensuel. C’était rassurant, mais avec mon mari on était d’accord : un CDD de 4 mois n’est pas assez stable pour accueillir un deuxième bébé, ni pour emprunter et espérer devenir propriétaires. Nos projets dépendent donc de l’association. En mars, je suis renouvelée pour 4 mois et j’obtiens une promesse d'embauche en CDI qui satisfait le banquier : on démarre nos recherches de maison. En mai, j’apprends que je suis enceinte ! On ne s'attendait pas à ce qu'il s'accroche aussi vite ! Mon petit ventre s’arrondit très vite et j’annonce ma grossesse mi juin, par transparence vis -à-vis de mon employeur, juste avant le début du CDI. Le premier trimestre est assez “dur” : nausées, fatigue, nombreux vomissements quotidiens .. La fatigue de la grossesse se mêle à la vie quotidienne, aux 2 jobs, à ma vie de maman et d’épouse et me fait peur. Et si je n’arrivais pas à tout mener de front ? Il est évident que mes enfants passeront toujours avant mon travail. Alors, si je me simplifiais la vie en retournant au salariat, abandonnant Môme et la charge mentale qu’implique l’entrepreneuriat ? Ce serait bien plus simple à gérer c’est sûr, mais je ne suis pas prête, j’ai encore trop de choses à partager avec vous, alors je m’accroche !
Les projets estivaux
Pour les vacances, l’asso ferme 2 semaines début août. C'est top, je vais pouvoir me consacrer à Môme, ressortir un patron… J’ai cousu un proto trop mignon que je souhaite développer (coucou Calisson !). Je me prévois donc un programme aux petits oignons avec des missions quotidiennes. Spoiler alert : je ne le suivrai pas du tout, coincée entre mon canapé et mes WC ! Je suis déçue, j’ai le sentiment d’avoir gâché ces deux semaines et de voir Môme s’éloigner encore plus. Je me sens frustrée, j’avais tellement de choses à faire, d’idées à mettre en place… et rien. La fatigue prend le dessus. Je m’occupe tant bien que mal de Coline, essayant de lui trouver des activités pour qu’elle ne se sente pas mise de côté par ce bébé qui arrive. Heureusement c’est un amour, elle s’occupe de moi comme une cheffe du haut de ses (presque) 4 ans et je ne la remercierai jamais assez de son attention et de sa bienveillance tout au long de la grossesse. Mon mari ayant eu ses vacances imposées fin août, je n’aurai pas de soutien de ce côté là. Ce premier trimestre, c’est la frustration : je suis très malade, fatiguée, avec un profond dégoût pour la nourriture et je ne sens pas encore les coups de mon bébé, ce qui me feraient pourtant oublier toutes mes angoisses ..
Je retourne donc à l’asso mi-août et la vie reprend son cours. J’ai la conviction d’attendre une petite fille : je me suis toujours imaginée pouponner deux filles. Je suis autant malade que ma première grossesse, alors c’est sûr : c’est une petite sœur qui viendra agrandir la famille ! C’est parfait, on a son prénom, on a gardé quelques vêtements trop mignons de Coline qu'il me tarde de revoir portés et mes anciens protos adorés vont avoir une seconde vie !
Le début des surprises
Là encore, ce petit bébé me surprend, c’est un garçon ! Me voilà contrariée, je n’ai jamais imaginé que ce pourrait être un garçon et j’ai peur de ne pas savoir m’y prendre avec lui, peur que Coline ne joue pas avec lui … Je mettrai près de trois semaines à me projeter avec un fils. Forcément, la culpabilité me ronge : “Comment ça, tu n’es pas contente ?”, “Pense à tous ces gens qui n’ont pas le bonheur d’avoir des enfants ?” “Et si ton bébé avait l’impression que tu ne l'aimes pas ?” Hormones, fatigue … Il n’est même pas encore né que je me sens déjà comme la pire des mamans et j’ai honte d’en parler, alors je me tais. Je garde cette tornade d’émotions en moi et je me sens très seule. Je sais que je l’aime, mais ces 2 filles sont tellement ancrées dans mon esprit que je suis déboussolée. Et puis voilà, enfin je me projette avec lui, il est là, en bonne santé, il anime mes journées de ses hoquets et de ses coups et j’ai même peur qu’à la prochaine échographie on m’annonce une fille et que je doive oublier ce fils. Je l’aime, je le savais.
Passé l'étonnement, je me dis que pour Môme aussi c’est une bonne nouvelle ! Je veux lui créer autant de tenues que Coline alors la collection sera complétée par plus de modèles mixtes !
Une fin d'année sous le signe du repos !
La grossesse poursuit son cours, les vomissements bien que quotidiens sont moins nombreux, mon ventre s’arrondit de jours en jours et ma grenouille n’en finit pas de gigoter. Le fait d’être salariée en plus me donne l’opportunité d’être en congé maternité mi décembre. Je souffle, je relâche la pression et on profite en famille de ces dernières semaines à 3.
Séance photo en famille avant l'arrivée de notre petit garçon.
Grâce au repos je profite enfin de cette grossesse qui m’a échappé depuis tant de mois. Au calme, je commence à coudre. Pour lui, rien que pour lui. Son tapis d'éveil, un doudou, des fanions pour sa chambre, le coussin d’allaitement .. Bref, je retrouve la liberté de coudre sans devoir en dégager autre chose que du plaisir, sans la pression de devoir monétiser mes créations. Le fait d’être en congé maternité me donne droit aux indemnités de la CPAM mais en contrepartie je n’ai plus le droit de travailler. Le seul chiffre d’affaires toléré par l’Urssaf est celui du site internet puisque les patrons se téléchargent seuls, sans action de ma part. C’est pourquoi il n’y a pas eu de nouveautés alors que j’étais chez moi, seule avec ma machine ! C’est une bénédiction. Moi qui ai du mal à lâcher prise, à ne pas contrôler les choses, me voilà “contrainte” de rester en tête à tête avec mon ventre, et qu’est ce que j’aime ça ! Je le photographie chaque semaine pour voir l’évolution car je sais que j’en serai nostalgique. J’aime tellement être enceinte, on vit tout plus fort, l’amour et les angoisses, mais c’est si beau.
Les séances photos à la maison pour immortaliser mon ventre.
Bonjour 2024 !
Ce petit bébé n’aura de cesse de nous surprendre. Les nombreuses contractions nous font redouter un accouchement précoce mais nous arrivons en 2024 et il est toujours au chaud. Nous aurons une fausse alerte le 15 janvier, des contractions douloureuses et régulières nous vaudront un coucou à la maternité, et puis non. Monsieur arrête tout, probablement effrayé par la neige à l’extérieur et nous rentrons à la maison ! Les jours défilent et j’appréhende un déclenchement. Je prends rendez-vous à la maternité pour faire un point le 2 février, jour du terme. Le 29 janvier je me couche avec quelques contractions, gérables comme d’habitude, on se dit que ce ne sera toujours pas pour aujourd’hui, “encore une fausse alerte” ! Tout s'intensifie très vite, on dépose Coline et on part pour la maternité où on arrive à 1h. Basile pointe le bout de son nez à 1h39 précisément. Une naissance intense, rapide, incroyable. En quelques minutes, je portais la pureté et l’innocence incarnées au creux de mes bras et plus rien n’avait d’importance. Une naissance sans encombre, sans soins particuliers et un allaitement facilement mis en place : le personnel me félicite et pour la première fois je me sens fière de moi. “Mon corps et moi, on est fait pour être maman”.
3 mois plus tard
Aujourd'hui, je suis pleinement épanouie. Basile est un amour et ses siestes me permettent de renouer avec la couture. Je crée, je patronne et je couds pour le plaisir, pour mes enfants ... Ces modèles compléteront peut-être la collection un jour, ou pas. Je ne me mets pas de pression, je savoure, je profite, et ma créativité est au plus haut ! Je bouillonne d’idées, mais chaque chose en son temps et aujourd’hui c’est le temps de ma famille. Je reste présente de manière “administrative” sur les réseaux, sur le site, j’ai repris la rédaction du blog .. mais pour la collection il vous faudra encore patienter. Ce temps en retrait nous a permis à mon mari et moi (lui à 90%, soyons honnêtes) de faire un gros travail sur le site, de changer la plateforme, de tout recommencer et depuis son lancement en mars il n’y a pas de bug à déclarer ! Voilà enfin un site à la hauteur de nos espérances !
Notre Basile, c’est un rayon de soleil et je suis persuadée que ce sera un petit farceur. Depuis le début, il fait un pied de nez à tout ce que j’ai prévu, m’obligeant à prendre du recul et de la hauteur sur la vie, sur ce que je peux maîtriser et ce que je dois laisser faire naturellement. Là où je peux agir et là où je ne peux qu’être spectatrice.
Finalement, c’est peut être aussi ça aussi la maternité, on se recentre, on observe, on apprend, on ralentit. J’apprends à lever le pied, à revivre au rythme d’un nourrisson, j’ai d’ailleurs demandé un congé parental pour rester encore un peu avec ce petit bout de bonheur. La couture est toujours présente dans ma vie, en second plan après ma famille. La vie à 4 est sportive mais Coline est tendre avec son frère, il sourit dès qu’il entend sa voix et cherche la main de sa grande sœur. Elle le couvre de bisous et lui la couvre de bave. On avance jour après jour dans l’amour et la discrétion de notre cocon. D'ailleurs, les planètes se sont alignées et notre maison est en ce moment en construction.
Le mot de la fin
Enfin, un petit mot pour les futures mamans qui se reconnaîtront dans ces quelques lignes : faites vous confiance. La grossesse multiplie nos émotions, nos sentiments, ne les refoulez pas. Écoutez-vous et reposez-vous. Le temps file, nous échappe il faut savoir lever le pied pour se recentrer et trouver le bonheur partout où il est. Et vous savez quoi ? Fille ou garçon, finalement ça n’a aucune importance, tout est naturel et l’amour qu’on se porte est si fort que Basile a autant de place dans mon cœur que Coline. Je me sens bête d’en avoir douté un seul instant et de m'être laissé dépasser par mes angoisses. Aujourd'hui, c'est l'Amour avec un grand "A" à la maison !